Au berceau de la cithare en Suisse

Par Dominique Jeanbourquin pour le réseau suisse.

La cithare en Suisse a déjà une longue histoire sans compter sa présence depuis fort longtemps dans notre folklore, surtout en Suisse centrale. (référence incontournable : Schweizer Zither-Kulturzentrum à Trachselwald/BE)

Elle nous est revenue cette fois-ci, dans la partie francophone suisse, comme instrument liturgique et de méditation dès les années 1980. Ce sont les monastères qui l’ont remise au goût du jour pour l’accompagnement des psaumes. Pour ma part, j’ai entendu pour la première fois de ma vie une cithare, au carmel de Dijon en 1976 et depuis elle ne m’a plus quittée. De retour de Paris, une petite 6/7 sous le bras, je m’essayai à en jouer quand pour ma plus grande joie, je vis une annonce à Notre-Dame de la Route : Session de cithare.

C’était en 1982. Ce fut la toute première session de cithare en Suisse, animée par Sr Pauline le Duc, sœur dominicaine de France, et Sr Magdalena Haeni, des sœurs de Ste-Ursule à Fribourg.  Elles ont su semer en nous le goût de l’harmonique de cette petite cithare sans modulateurs.

L’accompagnement était limité et le jeu à un doigt - le pouce uniquement ! Je suis ressortie de cette session si enthousiaste que je n’hésitais pas à produire les quelques mélodies qui me venaient, sans autre prétention, à tout vent !

En 1983 ou 84, une nouvelle session fut annoncée à Notre-Dame de la Route. Avec un accent tout particulier cette fois-ci sur l’harmonie. Toujours sous la houlette de sr Magdalena, aidée par le père Batteux, compositeur si féru d’harmonie qu’il n’hésita pas à nous faire entrer dans le monde de l’harmonie modale !!! La session la plus ardue que je n’aie jamais faite mais qui porta des fruits et ne manqua pas de rires. "Cithare et harmonie !" les deux pierres étaient posées.

En 1985, Sr Magdalena proposait une nouvelle session accompagnée de Maguy Gérentet. Avait-elle déjà fêté ses 20 printemps !? Elle nous venait de France et nous apportait un souffle de jeunesse et un enthousiasme communicatif. La technique instrumentale se développait ! On passa au jeu à 2 doigts ! Le répertoire naissait. Nous quittions la session avec un riche bagage à exploiter et le goût de la découverte. Les modulateurs étaient disponibles grâce à l’invention du Père Patrice, l’Abbaye d’En Calcat allait proposer de nouveaux instruments, la cithare prenait son envol et nous entrainait avec elle !

Dans notre petit pays la Suisse, la cithare et l’harmonie sont nées comme une source qui n’allait pas tarder à grandir et se répandre. Cette source alimentée par la joie de jouer ensemble, de chanter et aussi de rire partagés, a créé ce lien d’amitié qui nous unit depuis lors. Les débuts ont toujours quelque chose d’exaltant où puiser la force d’aller de l’avant par le dynamisme suscité entre les citharistes en herbe.